Partie 27/27 - Le cœur de la photographie

LE CŒUR DE TOUTE PHOTOGRAPHIE sera aussi différent d'une image à l'autre que les sujets infinis et nos pensées et sentiments à propos de ces sujets sont les uns des autres. Ce que j'ai essayé de faire dans ce livre, c'est de vous donner des outils pour approfondir ces sujets et les interpréter à votre manière en fonction de la façon dont vous les voyez, de ce que vous en pensez et de ce que vous voulez en dire. J'ai essayé de vous faire réfléchir.

Je me suis efforcé de ne pas vous donner de formules, de règles, de recettes ou de platitudes. En vous posant des questions, j'espère vous éloigner de la tendance de tant de photographes à chercher des règles, à poser la seule question que j'espère que vous ne poserez jamais :

"Que devrais-je faire?"

Il n'y a pas d’il faut dans l'art. Il n'y a pas un seul objectif que vous devriez utiliser pour quoi que ce soit. Il n'y a pas de réglage unique, pas d'ouverture unique, pas de règle de composition qui prendra universellement une bonne photo. Il n'y a que possibilités. Quel objectif puis-je utiliser ? Quel réglage, ouverture, obturateur ou composition puis-je utiliser ? Que puis-je essayer ? Que puis-je risquer ?

En écrivant ce texte, dans mon esprit, j'ai traité cette idée comme mon étoile polaire : le cœur de la photographie est le sujet le mieux exprimé. Mais le meilleur est un mot qui n'a pas de sens à moins que nous ne nous mettions d'accord sur qui détermine que, pour ce seul sujet, en ce moment, il n'y a pas de meilleure expression. Alors . . . le mieux selon qui ? Toi, et toi seul.

Mieux selon la façon dont vous voyez le sujet et ce que vous voulez dire. Au mieux selon vos goûts et préférences, la vie que vous avez vécue, les émotions que vous ressentez, les opinions que vous avez. Meilleur en fonction de votre niveau de compétence au fur et à mesure que vous apprenez ce métier. Mais jamais mieux en référence au travail des autres. L'art n'est pas une compétition, malgré une industrie photographique qui le fait ainsi. Nous ne faisons pas de notre mieux en regardant ce que font les autres, mais plutôt en suivant n'importe quel fil de curiosité qui est le nôtre et le nôtre seul.

Nous vivons des temps étranges. Jamais auparavant un artiste n'avait pu mettre son travail au monde aussi largement et aussi rapidement. Jamais auparavant un artiste n'avait pu entendre toutes les voix qui se souciaient de louer, de critiquer ou d'émettre des commentaires sans contexte ni conversation. Le plus souvent, ce n'est qu'une réaction binaire : oui ou non, un like ou pas, un cœur ou pas de cœur. Les nuances subtiles et complexes de la réaction et de l'émotion humaines passent par la fenêtre, remplacées par des commentaires comme "Belle photo!" ou pire, un emoji.

Non seulement cela peut étouffer notre créativité, mais cela peut aussi nous amener à mal comprendre qui est notre public. Entouré par les mesures des médias sociaux ou même la douzaine de personnes de votre club photo, il est facile de commencer à penser qu'ils sont votre public. Ils ne le sont pas. Pas au début. Vous l’êtes…

Traduit et inspiré du livre de David Duchemin, The Heart of the Photograph,

100 questions for making stronger, more expressive photographs.

Par Yves Bériault

Suivant
Suivant

Partie 26/27 - Suis-je trop littéral ?